Restauration
La restauration de la verrière de la grande rose Nord
de la cathédrale Saint-André (Bordeaux)
R. FOURNIER, Vitraux Dupuy, Bordeaux
avec l'aimable participation de la revue Verre
Iconographie
L'oeuvre de Jean de la Saulsaye (1510) demeure l'un des plus intéressants
témoignages de l'art verrier du XVIe siècle, sur la région
Aquitaine. Cette oeuvre est la seule dans la cathédrale de Bordeaux avec
la rose du transept sud, qui ait pu garder l'ensemble de son iconographie ancienne.
Selon la mention de commande Représenter des Anges portant les
signes de la passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, Jean de la Saulsaye
a représenté dans son oeuvre l'Ange, le messager de Dieu, l'agent
de la volonté divine et de son exécution sur terre, sous la forme
de plusieurs Anges associés pour porter ou présenter les instruments
de la Passion. 36 instruments ou symboles y sont dénombrés,
le réseau de pierre étant propice à l'insertion de petites
scènes. Mais on ne peut pas attribuer à ces scènes leurs
emplacements d'origine du fait des nombreuses restaurations effectuées
au cours des siècles.
L'étude historique, iconographique et l'inventaire des vitraux de la
grande rose Nord ont été réalisés par Didier Alliou.
Conservation, restauration
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Il est important de noter que contrairement à la méthodologie
traditionnelle de conservation restauration de vitraux historiés,
l'intervention pratiquée sur les vitraux de la grande rose Nord a
été faite in-situ, sans dépose des vitraux et donc dans
toutes ses phases sur un plan vertical, d'où l'originalité et la
complexité de l'intervention.
<= Vitrail avant nettoyage
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Les scellements des vitraux, effectués au ciment au XIXe siècle
ont rendu leur dépose délicate sinon préjudiciable aux
pièces de verre insérées dans la maçonnerie.
L'état satisfaisant de conservation des plombs et l'absence de projet
de verrière de doublage ont guidé ce choix d'intervention.
Application de compresses =>
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La première phase d'intervention a consisté à nettoyer
la surface interne et externe des vitraux. Après un dépoussiérage
pièce à pièce au pinceau de soie souple, pour éliminer
la couche superficielle noirâtre (poussières, toiles d'araignées),
une application de compresses imbibées d'eau distillée a
été pratiquée sur la surface complète des vitraux,
avec réhumidification systématique des compresses (pour éviter
leur décollement), ceci sur 72 heures, dans le but d'éliminer la
couche de suie plus adhérente, due à la combustion des cierges
pendant de nombreuses années, et à la pollution extérieure.
<= Nettoyage en bordure plomb
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La couche résiduelle subsistant en bordure des plombs a été
extraite aux cotons tiges, tout ceci dans la surveillance rigoureuse et
systématique de l'état d'adhérence des grisailles. C'est le
seul procédé de nettoyage qui sera adopté, car un nettoyage
chimique à l'E.D.T.A ou au thiosulfate de sodium même en gel, n'aurait
pu être réalisé sur un plan vertical.
Vitrail nettoyé =>
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La seconde phase d'intervention a consisté à extraire des plombs,
les fragments de pièces de verre brisées, ou celles comportant des
plombs de casse multiple, préjudiciable à la bonne lecture des vitraux,
afin de les reconstituer en atelier par collage des fragments bord à bord
et comblement des zones lacunaires.
Ces comblements ont été réalisés par des pièces
de verre peintes et insérées dans les zones lacunaires, ou par comblement
à la résine (Araldite 2020) et repeints.
<= Mise en place de l'ensemble : verre original + verre en doublage en plomb
et soudure sur résille de plomb
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Les pièces ainsi reconstituées ont été doublées
par un verre blanc mince thermoformé, afin de les consolider et l'ensemble mis
dans un plomb en forme de U, qui sera soudé par point sur la résille de
plomb du vitrail, à son emplacement d'origine, garni préalablement
d'une pièce de verre blanc patinée en face externe, pour éviter
les phénomènes de miroitement ou de brillance.
Vue de la restauration terminée =>
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D'autres interventions ont été pratiquées, notamment :
le remplacement de vergettes en fer par de nouvelles en laiton BL 2, avec
dépose des anciennes attaches en fer et remplacement par attaches en plomb,
le masticage au pouce de l'ensemble de la résille de plomb en face externe,
au mastic butyle MVS 50 olin,
l'application d'une patine sur certains verres du XIXe et XXe siècle non
peints, rendant la lecture des vitraux difficile.
Avant restauration
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Après restauration
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Toutes ces interventions demeurent réversibles dans le souci de
préserver la pérennité de l'oeuvre de Jean de la Saulsaye,
réalisée il y a bientôt 5 siècles.
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