L'atelier d'écriture de la biennale de 2008

  Jetez l'encre, atelier d'écriture interactif On-Line animé par Coline Xour et Nycole Pouchoulin, a travaillé au sein de la Biennale sur les thèmes “Vitrail et Racines” et à cette occasion des textes ont été composés, inspirés par les oeuvres exposées.

Tu m'as dit . . . de Claude Eliaszewicz

“Le Matin du Grand Choix” de Philippe Andrieux

 

Tu m'as dit que nous en venions, mais je ne sais pas d'où.
Ces contrées lointaines, par delà les montagnes, les plaines et les cités, celles dont tu me parles sans jamais les citer, celles que tu évoques parfois, d'un simple regard, lointain, égaré dans tes propres mystères, comme si j'étais sensé te comprendre à la seule grammaire de tes cils.

 

Tu m'as dit que nous en venions il y a très longtemps, mais je ne sais pas quand.
Ces temps d'avant l'histoire. Ces temps d'avant le temps où l'homme commençait à compter, ces temps mêmes où il ne contait pas encore. Quelle est la mesure ? Dis moi ? Dois-je aussi comprendre et mesurer le temps à l'aune de tes silences ?

Tu m'as dit que nous en venions, mais je ne sais pourquoi.
Pourquoi avoir quitté ? Pourquoi être venu ? Les terres de là bas nous rejetaient-elles ? Les êtres de là bas n'étaient-ils point humains ? Etaient-ils hommes ? Etaient-ils femmes ? Etaient-ils bêtes ? Et toi, au fait, qu'es tu ?

Tu m'as dit que nous en venions, mais je ne sais rien.
Je ne sais rien de toi, je ne sais rien de moi, je ne sais rien du lieu, je ne sais rien du temps, je ne sais rien de ce qui les relie, je ne sais rien de ce qui nous relie.
Vais-je mourir sans connaître mes racines ?

Alors tu tends la main. Au bout pointe le doigt, qui se tait mais qui montre…

Eloquence du geste, à défaut de parole, qui appelle effort et pensée pour saisir le message.

Soudainement le vitrail s'illumine et raconte le périple de l'homme et de ceux qui le tuent et de ceux qui lui survivent. C'est une belle histoire qu'égaient les couleurs, une histoire faite de gestes, de symboles, de pleins et de déliers. Une histoire muette, mais pleine de la sonorité qui fait les songes et de communion née des tensions et des intentions. Une histoire d'avant l'histoire, qui me raconte tout.

Ton doigt parle. Le vitrail avec lui.

Mes racines sont la terre.
Mes pensées l'univers.
Mon futur est en toi, inscrit dans le verre.

 



 Jean Robert Quero
Le vitrail est couleurs, lumière,
verticalité aérienne. Ces racines sont
des fils de plomb,
toile qui structure et irrigue
l'oeuvre.

Le vitrail, la BD du moyen age. En cela
il est témoin de nos Racines.



Racines de Marie José Khanh

“Enracinement” Profondeur. Prolongement dans le
sol.
L'arbre du mimosa, fleurs couleur citron ravissantes
légères, enfonce ses racines loin, très loin dans la
terre.
Plus l'arbre est grand et beau plus ses tentacules se
propagent, s'étalent.

“Sans Racines” Homme atrophié, balancé au gré du
vent et des rencontres. Tourmenté, rejeté, exclu de
la Société. Sans références. Fier dedans, humilié au
dehors. Il est mais n'existe pas. Fragile, pieds non
ancrés dans le sol. Détresse au lever et au coucher
de sa vie.

“Déraciné” Quatre syllabes qui résonnent et disent
vrai.
Une tempête de l'histoire. Un tsunami politique.
Homme éloigné du sol où est enterré son cordon
ombilical. Homme écartelé. Descendance ici, racines à
l'autre bout du monde. Impossible de rassembler le
tronc, les branches et les racines.

“Racines” Généalogie. Arbre généalogique. Erreur.
Dessin qui part du tronc, se ramifie en surface dans
les branches Oubliée la graine, les premières
racines, l'histoire, le passé, les gènes. Absurdité.



Femmes bleues de Nycole Pouchoulin

“Femmes bleues” de Christiane Andrieux

Fragiles et longilignes mais si vivantes. Investies. Elles cherchent le sens. Interdit ? Giratoire ? Cherchent encore. Les non sens aussi. Puis tissent un halo de rêve autour d'elles, s'y lovent, respirent doucement, passent d'une rive à l'autre, atteignent une cime, s'y ressourcent, s'y régénèrent, ivresse que cette sérénité ! Elles ne s'y attardent pas pourtant, reprennent leur route. Long, si long le chemin…

Elles sont vêtues de bleu. Oui mais lequel : “bleu cobalt, bleu de Prusse, bleu outremer, bleu saphir, bleu azuréen, bleu céruléen, bleu de méthylène” ? Tous ces bleus les enchantent, les transcendent. Mais ils ne sont pas toujours bleus-radieux. C'est pour cela qu'elles poursuivent la route inlassablement. Juste pour qu'ils s'apaisent ces bleus-tsunami ou âme damnée. Jusqu'à ce que le bleu-baume, le bleu-suture viennent à leur secours. Les voilà revêtues alors de bleu-cicatrices. Une autre et encore une autre . . .

Et elles restent toujours là, toujours investies, comme habitées d'intériorité. Et encore elles résistent. Penchent un peu la tête et à nouveau interrogent, questionnent. Pourquoi ? Pourquoi ce temps morcelé ? Ce temps blessé ? Elles ramassent les morceaux éparpillés, les recentrent, reconstituent patiemment le puzzle. Sans fin. Pénélopes des temps Modernes, amantes de la belle œuvre, de l'oeuvre achevée ; désir de beauté, de joie, de paix.

Des ombres passent. Il en est qui éclairent la pénombre. C'est la cohorte des ombres amies, bénies. Celles qui balisent la route que d'autres noircissent. Mais le bleu refuse l'enfermement, met en échec l'étouffement. L'ombre des femmes s'épure, s'étire. Femmes-tiges, femmes-souffle, femmes d'un ailleurs à portée d'âme. Femmes revêtues de solitude. Rien n'est plus riche que cette solitude, rien n'est plus pauvre que le désespoir qui mène à cette solitude ; celle qui commence par un chemin de croix et se termine en état de grâce. Blessé le bleu mais vivant et fort de sa souffrance, de sa résistance.

Femmes bleues striées d'un entrelacs d'espoir et de désespérance qui, dans les allées de la vie, passent et repassent, regardent, survolent, s'envolent, se calment, s'emportent puis à nouveau se drapent dans leur halo de rêve, dans leur bulle ouatée. Sourire de femmes. Femmes multiples, quel est votre secret ? Ou plutôt, n'y aurait- il aucun secret ? Seriez- vous tout simplement celles qui donnent la Vie ? Celles par qui tout commence et tout se perpétue :

Les femmes - Racine



Claude Eliaszewicz

Courbés et balancés par les vents, que rien
n'arrête dans la plaine, les blés chantent
“Charles Charles . . .”, indéfiniment, longuement,
jusqu'à ce que leur complainte me mène au pied de
la cathédrale.

Péguy est mort le premier jour de la première
mondialisation.

Celle de la folle guerre, qui précédait celle de la
folle économie…

Mes racines sont là.

Là où me portent mes yeux, accrochés par le rouge
et le bleu, le vert et le jaune de ces
représentations immuables de l'espérance humaine,
celle qui prétend représenter Dieu, pour mieux
représenter l'Homme.

Séculaires ou plusieurs fois centenaires, ces
verres liserés de plomb, comme on le dirait d'yeux
soulignés de cernes, fondent mes racines profondes
dans cette vanité qui nous fait croire benoîtement
à la tentation de la perfection.

Beauté fatale de ces vitraux, qui en fait ne vivent
pas assez…

Tout à la fois compositeurs et décompositeurs des
rays du soleil, qui viennent s'éclater sur eux,
avant que de réapparaître de l'autre côté,
largement transfigurés.

Vitrail de lumière, tu n'es pas le même dedans et
dehors.

Dedans, tu appelles l'Appel.

Dehors, tu évoques l'Appel.

Péguy, pourquoi les hommes sont-ils sourds ?



Totem de Nycole Pouchoulin

“Bulle de bois” d'Emmanuelle Andrieux Lefevre

Qui devant toi peut rester de bois, sculpture verticale, lien vivant et vivace entre le végétal, l'animal et l'humain ?
Moi je lis dans les lignes de ta main, si douce et veloutée sous sa rugosité ; je me love au creux de ton corps offert et me nourris de sa chaleur. Pour un instant je ne suis plus cette inconnue qui cherche à se connaître, à se trouver.

Et je m'évade. Retourne à la source. Cherche mes racines. Mon frère est peut-être cet indien Ojibwé ? Et comme lui peut être je puise ma force dans le clan auquel j'appartiens : celui de ta beauté, de ta force, de ta longévité.
Je m'évade encore . . . Le jour et sa lumière jaillissent de tes veines claires ou claires- obscures et éclairent, balisent mon chemin de hasard ; le printemps caresse ton écorce et je ressens sur moi sa caresse. Il y a des rires qui fusent dans l'air et disent la vie. La force de la vie qui toujours revient. Et moi, d'où je viens ?

Et puis il y a ces trouées en toi ; 4 toujours… Fenêtres ouvertes sur le monde et son mystère. Racontent passé, présent et avenir ; ces destinées qui se croisent, se choquent, s'épousent et se perpétuent. Un ici, un ailleurs, un au-delà, une fraternité. L'humanité en somme.

Totem, je crois que, sous tes airs de bois chaud et tranquille tu te fais parfois, tu te fais souvent, un sang d'encre. Et qu'il te faut aller puiser profond dans tes racines noueuses et solides pour reprendre souffle et retrouver force et sérénité. Alors, à te regarder, à te respirer, naissent en moi la certitude qu'un jour, comme toi, oubliant l'urgence et le fracas des bruits de la ville, je retrouverai la joie de ma terre nourricière. Je découvrirai . . .

Mes Racines



MC & F

Mouvement de balancier
Le temps ralentit
Je frissonne un peu
L'orangé du couchant danse autour de moi

Tout est mouvement
Les sons jouent et se suivent
La poussière vole, la terre respire
Et je suis immobile, happée par la sphère lumineuse qui tend vers l'horizon

Elle m'attire et enfle en moi
Je glisse vers la mer à la douceur de rêve
Je tombe et m'immerge
Je plonge et m'enfonce

Retour vers la mer
Vers la mère
Retour vers la sève
Vers le rêve

Retour à l'enfance
A mes racines.

MC&F



Michèle Suzet-Charbonnel

Dans cet entrelacs de la vie

Certains corps se sont perdus

mais des visages juste entrevus

ont grandi et ont pris racine.

L'arbre est ma meilleure parentèle

corps martelé savoureux dans l'écorce

rêveur immobile et patient,

ancré comme moi jusqu'à la racine

mais fragile jusqu'à la cime . . .

Michèle Suzet-Charbonnel



Martina Eliaszewicz

Construit autour des recettes de
grimoires, le vitrail touche au plus
profond celui qui le découvre. Il le
mènera au fil des siècles, de l'eau,
de la terre et de la main de l'homme
à la rencontre de la lumière de ses
racines
et de son histoire.

Martina Eliaszewicz



Michèle Gaffet
Des racines et des hommes

Notre origine remonte certainement aux
arbres, les grands chênes le
disent en agitant leurs bras encore
feuillus.

Nos ancêtres s'inscrivent sur des arbres
généalogiques qui n'ont de
logique que celle de notre désir d'écrire
sur des feuilles de papier.

Nos racines s'enfoncent profondes et
incisives dans les mâchoires de la
Terre, et, les dents crantées des
Sociétés cannibalesques, celles qui
bouffent l'humain par tous les bouts,
nous mangent par nos racines,
nous rongent par les feuilles, brisent
nos souches, nous envahissent
par les tubercules, nous écrasent le
bulbe, phagocytent
nos rhizomes jusqu'à ce que nous ne
soyons plus ni femme, ni homme,
mais seulement des légumes fantômes.

Mais nous sortirons nos griffes et nous
remonterons les arbres à cames
jusqu'à broyer ces fléaux tels des rocs
caïeux.

MGG



Natacha Quintard

Une lumière venue du ciel

Se répand, source de vie

Ses rayons pointent et dessinent

Une silhouette de femme

Sur les dalles froides d'une église.

Lumière d'où elle vient

Église d'où elle vient ;

Agenouillés devant l'autel

Père et mère

Sur ces dalles d'un autre temps

Unis par des serments éternels

Sous les rayons du même soleil,

À travers les vitraux,

Présents pour eux, et pour les anciens

Lumière des yeux ouverts sur le monde

Lumière sur elle aujourd'hui

Marie madeleine de retour,

Qui pleure encore

Dans le chœur, l'absence,

Dénudée des traîtrises,

Des souffrances, des pertes et de la mort,

Nue sous la lumière, nue sur les dalles,

L'âme douloureuse de trop de lumière,

Une silhouette noire dans l'église sous les vitraux.

Natacha Quintard



Martine Eliaszewicz

Enraciné, déraciné, parlez vous de l'arbre ou de l'homme ?

Cet olivier, dit- on, a 500 ans d'âge et cet homme courbé par le poids de sa
courte vie a, tout ce temps durant, cru en les valeurs inculquées par ses
pères. Sa terre à lui, celle dans laquelle plongeaient ses racines s'appelait
croyance, tradition, habitude, confiance.

Là une tempête s'est levée, a pris possession de ce roi fier et de ses
compagnons, peuple de la forêt. Si puissants les voilà à terre, arrachés à
leur mère nourricière. Déracinés, ils ne sont plus.

Ici ce pauvre hère a été chassé de son pays, banni de sa patrie, exilé,
expatrié, proscrit, il ne retrouve pas le goût du pain que là-bas il mangeait,
là où tout était si bon, la saveur des fruits confits de soleil qu'il cueillait à la
tombée du jour. Il est seul, il a froid. Déraciné, il n'est plus.

Oui petit d'homme, il faut avancer, apprendre, trouver et mourir un peu
mais garde toi mon fils d'oublier tes racines, n'oublie pas d'où tu viens,
n'oublie pas, mon enfant, n'oublie pas qui tu es. Ainsi partit ma mère un
soir de très grand vent et ses paroles avec elle s'envolèrent, emportées par
la bourrasque de mon chagrin. Son message en mon cœur s'est gravé.

Martine Eliaszewicz



Janine Gauthier-Paty
La Souche

La lune s'est noyée. Des hordes de nuages s'amoncellent dans le ciel
métallique.

Maria creuse.
Sa pelle envoie la terre bien au-dessus de sa tête, ivre d'odeurs intimes et
violentes sa force est décuplée. Elle veut seulement savoir qui lui vole son
homme la nuit.

Là haut, la souche n'a pas frémi.
Il y a des années, le curé venait s'asseoir là pour fumer sa pipe en écrivant
ses sermons.
Bien avant, les malades guérissaient en la touchant.
Pendant la Révolution des têtes y furent tranchées, certains avaient vu des
petites fontaines de sang couler pendant des jours et des jours.
Il y a très longtemps enfin, les nuits sans lune, une sorcière dansait sur la
place. Lorsqu'elle enjambait la souche, sa robe de lambeaux s'ouvrait et la
semence des disparus la fécondait.

On dit aussi que sous terre les racines sont laiteuses et nacrées, douces
comme la peau des femmes. Elles ont un goût suave, et se mêlent comme
une chevelure d'ondine. Les hommes rêvent de leurs rondeurs, de leurs
cuisses larges, et leurs songes deviennent réalité.

Maria creuse.
Perdue comme au fond d'un puits elle n'entend pas le vent s'affoler en
rafales fulgurantes et tournantes. La souche ébranlée se soulève, les racines
s'arrachent de terre dans un craquement assourdissant.

Dans le matin rosé, la souche déterrée repose au milieu de sa jupe de
mariée, une jupe de dentelle aux veines mortes cherchant l'humus et la
moiteur, l'ombre et la fraîcheur, asphyxiées, éblouies comme des poissons
hors de l'eau.

Maria sourit.
Elle voit les racines bouger, s'étirer, se courber, s'articuler. Portée par
l'enchevêtrement de ses branches souterraines, lentement la souche
s'éloigne et le soleil se lève.

Janine Gauthier-Paty



Paramé
Racines

Parler de racines ?
Tout un sport quand on n'est pas bien dans ses baskets !

Entre ciel et terre, coupée des racines du mal,
la transparence s'élève.
Ondes de lumière

Dessiner, peindre, sculpter ou écrire,
Toucher la racine des choses
hors de toute contingence.

Ces mosaïques de couleurs, de lumière,
nous dépossèdent des racines de la douleur,
et de la désespérance.

Plus fortes que la raison,
racines de joie,
vous explosez les jours de lumière.
surgissant du plus profond,

Oser, au risque de l'Absolu,
rompre avec ses racines,
en accepter les dommages.

L'orchidée s'est arrachée à la terre
parée de ses racines voile
à la vie aérienne.

Volatile, insaisissable lumière,
qu'as-tu fait de tes racines ?

Raves, radis, patates douces, salsifis,
parlant de racines,
ne sommes-nous pas assez jolies ?

Terre ô ma terre,
toi qui es notre mère nourricière,
livre- nous les secrets de tes racines,
de leurs bienfaits . . .
ré apprends nous la sagesse d'une alimentation
à l'eau, au pain noir et aux racines . . .
S'il te plait.

Il lui semblait que les racines du mal
enserraient son être jusqu'à l'étouffer.

Plus je les sens bouger autour de moi.
S'activer. Au moindre rythme, au son du tam-tam
gesticuler fébrilement,
les bras en l'air, nombril, ventre ondulant,
plus je me sens figé, les pieds englués
dans des racines profondes.
Le regard fixe. Sans voix.

Racines du ciel,
Blonds marécages
La lune se noie.

Paramé



Nycole Pouchoulin
Maître

Maître,

Je ne suis qu'un VEILLEUR DE VIE, celui qui, inlassablement, scrute
l'horizon, l'infini pureté du bleu azur des jours, des heures, des
secondes de cette vie qui parfois se délite, se dissout, se noie dans
le tourbillon des courants qui l'emportent, la déportent. La tourmente
gronde, rugit, se déchaîne, veut rompre les chaînes et l'on se perd dans
le fracas des jours et l'on a mal à sa vie ; cette vie qui se déchire
pour parvenir contre vents et marées à exister.
Mais moi, inlassablement je veille et me tient en éveil contre vents et
marées . . .
MAITRE, ENSEIGNE- MOI LA SERENITE.

Maître,

Je ne suis qu'un CHERCHEUR D'OR en quête d'un à venir, d'un devenir qui
hante, tourmente, lancine tandis que le passé travaille, tenaille,
assassine. Parfois un éclair me cisaille, me transperce, me lacère, me
met en pièces . . . descente aux enfers, négation, destruction. Je l'appelle
mon âme sœur, mon âme damnée. Parfois aussi un rayon me prend dans ses
rets, chauds et lumineux, couleur soleil, je l'appelle ma sœur lucidité
et elle me rassure, me protège, m'allège d'un trop lourd fardeau.
Soudain, j'aperçois la rive. L'or je le sens n'est pas loin, presqu'à
portée de corps, de cœur et d'âme.
Maître MONTRE MOI LE CHEMIN

Maître,

Je ne suis qu'un ALLUMEUR DE REVERBERE, le gardien de la
nuit, celui qui traque les pensées noires, les idées folles,
les cyclones des passions brûlées au fer rouge, des soifs
inassouvies, des faims sans fin, des paradis non atteints, des
enfers non éteints. Je cherche la chaleur des sables
émouvants, le souffle chaud du désert mon frère et l'eau de
la source qui désaltère. Mais il est tant de barrières à
franchir dont on voudrait tant s'affranchir !
MAITRE DONNE-MOI LA LUMIERE

Maître,

Je ne suis qu'un DON QUICHOTTE , celui qui espère trouver
LE PORT où s'amarrent espoirs et chimères, un saltimbanque qui
rêve en rouge, bleu, jaune, noir et or d'envolées d'oiseaux
vers des contrées secrètes et lointaines où atteindre
« l'inaccessible étoile » ; rien qu'un simple exilé en mal de
sa terre nourricière, de son passé perdu, de ses espoirs
déçus.
MAITRE REVELE- MOI LA VERITE.

LA VERITE DIT LE MAITRE EST EN TOI. CHERCHE- LA DANS TES
RACINES ET TU LA TROUVERAS.

Nycole Pouchoulin



Alain Dupeyron

Arbre
qui mordez terre
au cri de l'aube
rendez l'écorce chevelure
dans le miroir sans tain
des racines de l'Être
Arbre des arbres

Flamboyant
l'arbre enfonce ses racines
aux sources de la terre
loin des villages
où les années s'éteignent

Ce jour là mes mots revivent
partent en farandole
et prennent leur faction
dans les allées
aux angles des jardins
qui reforment les plis
de l'ombre d'un enfant
déjà tout étourdi
du retour des fraîcheurs
où s'ébrouent mes paroles
au soleil accrochées

Alain Dupeyron



Alain Dupeyron

Lignes de fuite
charroient épis
dans un long champ d'averses
rejeté sur les rives,
quelque part,
dans l'épissure des racines
peut-être ?

Ce treillis qui veut prendre le large
je le garde en otage
sous l'apparence de l'enfance
malgré
l'herbe fraîche coupée
le blé qu'on a battu
dans les vapeurs d'alcool
malgré
la pierre où l'on trébuche
le passé le trop plein
des jours à l'absence d'une paume
caressant les cheveux
comme promesse à naître

Azur en poche,
sous ses pieds
la pierre qu'il veut atteindre

De tant d'opacité de mots
jetés comme sanglots
la source brasse des sous-entendus
prenant la forme de silences

Ses racines n'iront pas loin
dans le calcaire qui recule

Dans le dehors
loin de l'odeur fruitée de son essence
où l'argile verdit
veille un sommeil de terre veuve

Alain Dupeyron



Brigitte Quero

Lumière frôlée du soleil ou de la lune
enjambe l'âme de ses rais.

Transparence vers un Ailleurs.

Alchimie sacrée : feu, terre, air, eau ...
Fusion de l'homme avec son Dieu ... Le
vitrail est la fenêtre par
laquelle sont chevauchées les mille
couleurs d'une âme assoiffée.

Le Maître-Verrier se fait tout petit,
simple artisan à l'écoute de
l'impalpable. Et la matière devient feu,
s'élève aux couleurs du temps.

Brigitte Quero


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