Il serait aussi celui de la spiritualité.
Tant mieux, il
était temps que les métiers d'art retrouvent
leurs titres de gloire. Le vitrail fut toujours un magnifique
élément de communication.
Souvenons nous du moyen
âge, au synode d'Arras on le disait : livre
des illettrés.
C'était un
véritable trait d'union entre l'initié,
le prêtre ou la catéchèse et le
récipiendaire qui avait frappé à la porte du
Temple. Ensemble, ils participaient à la construction de
l'édifice commun et visible ainsi qu'à
la construction de leur cathédrale intérieure,
somme toute invisible, et pourtant si indispensable à leur
propre rayonnement.
Nos compositions transparentes
émettent depuis la nuit des temps des messages de
lumières qui prêtent à la méditation.
Qui peut être insensible, profane ou croyant, à
l'espoir de vie que donne toujours la lumière ?
Personne.
De la même manière qu'à la Saint
Jean d'hiver on espère la germination qui accompagne
les jours qui s'allongent, devant un vitrail qu'il
soit civil ou religieux, on voit la vie avancer, les saisons
changer, les heures du jour nous avertir du temps qui passe.
Les
édifices ne se ressemblent pas. Les rayons sacrés
venant de l'orient qui envahissent au petit matin nos
églises n'ont rien à voir avec les
lumières tamisées qui filtraient au 19eme
siècle au travers des vitraux de ces maisons
déjà closes. La communication était tout
autre, ce puzzle lumineux devait aussi être propice
à quelque méditation et je l'espère un
minimum de spiritualité.
Mon propos n'en restera pas
là, et nous devons prendre en compte quelques
données particulièrement significatives de la
santé des métiers d'art dont le vitrail est
l'un des fleurons. Pour ce faire je m'en remettrai
notamment aux travaux réalisés par les membres de
la chambre syndicale nationale du vitrail et ceux de la chambre
syndicale des céramistes et ateliers d'art de
France, que je remercie pour leur participation à
l'essor de nos métiers.
Les observatoires des
métiers d'art mettent en avant une transformation
importante :
Des types de population et de la zone
géographique d'activité,
De la formation et
la transmission des savoir-faire,
Des habitudes de travail et des
modes de production,
De la destination des produits.
Même
si globalement la population est quantitativement stable
l'entreprise Métier d'art compte moins
d'employés qu'il y a 50 ans, mais le nombre
d'artisans d'art travaillant seuls est passé
de 52 à 67% !
64% ont une entreprise située dans
une commune de moins de 10 000 habitants.
La grande ville
deviendrait elle un obstacle à
l'épanouissement de nos métiers ?
Nos
artisans d'art sont de plus en plus instruits d'une
façon générale.
64% ont le BAC voir plus,
mais moins de la moitié ont suivi une filière
Métier d'art.
La formation initiale devient
malgré les efforts de l'éducation Nationale
moins importante que la formation continue.
65% environ de la
population active ont commencé leur carrière dans
une autre activité.
Elle est arrivée sur le
marché des métiers d'Art par la formation
continue, qui n'est pas toujours à la hauteur de ce
que l'on pourrait souhaiter pour nos entreprises.
Il est
indispensable que les professionnels ; chefs d'entreprise
et partenaires sociaux prennent la responsabilité de cette
transmission.
A ce sujet la chambre syndicale Nationale du
Vitrail et son partenaire l'Institut du verre ont
élaboré un certificat de Qualification
professionnelle .Celui-ci permettra de valider les connaissances
de chacun et de parer les éventuelles carences des
postulants en leur préconisant un complément de
formation, ou de mise en pratique des acquis, notamment chez des
artisans transmetteurs de savoir.
Nous constatons
que 65% des artisans d'art ne se servent pas des moyens mis
en jeu pour la formation continue .Cet état de fait doit
changer si nous ne voulons pas être dépassés
par nos collègues Européens qui se remettent
davantage en question.
Soulignons que ceux ci reçoivent de
leurs états des aides à l'exportation plus
substantielles que les nôtres.
Plus de 40 % des artisans
d'art ont plus de 50 ans et plus de 10 ans
d'activité.
Sachant que 30% ont moins de 40 ans,
nous en déduisons que sans un effort
particulièrement intense en matière de formation et
d'immersion de jeunes talents dans nos ateliers ; dans
moins de 10 ans nombre d'entreprises auront disparu et des
savoir-faire ancestraux ayant participé au rayonnement de
la France oubliés à jamais.
Avec la concurrence des
pays emmergeants, les professions de l'artisanat
d'art dont la main-d'œuvre est
prépondérante, s'etiolent.Les manufactures
disparaissent et notre communauté retourne dans sa
structure originelle : la micro entreprise.
L'artiste Libre
prend le pas sur l'artisan, et doit être homme
orchestre. Pour assurer la croissance économique de son
atelier, il doit :
Etre avant tout un redoutable commercial qui
communique avec aisance, mais aussi gestionnaire pointilleux,
Etre capable de perpétuer les traditions artisanales
anciennes, pour entretenir le patrimoine,
Etre un créateur
émérite pour répondre à la demande de
clients de plus en plus informés cultivés et donc
exigeants,
Bien souvent il devra parler une langue
étrangère afin de pouvoir exporter ses œuvres.
Quelles femmes et quels hommes formidables que ces artisans
d'art !
Comment ne pas les aimer ?
Comment ne pas les aider ?
Comment ne pas les accompagner sur les chemins caillouteux
imposés par une administration qui refuse à raison
tout risque d'accident du travail, mais qui laisse importer
des produits fabriqués dans des pays ou le prix du sang
n'a pas de valeur.
Nous n'avons qu'une seule
réponse à donner : Nous unir pour être
ensemble plus forts !
La biennale du vitrail se tient cette
année pendant les Journées des Métiers
d'Art initiées par la Société
d'Encouragement aux Métiers d'Art, soutenues
par la Chambre Syndicale des Céramistes et Ateliers
d'Art de France, ainsi que la Chambre Syndicale Nationale
du Vitrail. C'est pour nous tous un grand encouragement, et
c'est ainsi que nous nous engagerons vers un renouveau de
nos métiers, que nous souhaitons tous et dont la Biennale
est le symbole.
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