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Chambre Syndicale Nationale du Vitrail
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L'approche d'un métier
Je suis parti suivre mon chemin dans le sud de la France en tant
que vendeur, puis j'ai rejoint pendant 3 ans la Verrerie de
St-Just, ce qui m'a permis de visiter notre pays qui se
révèle être splendide et surtout de
connaître nos confrères. J'ai pu apprendre au cours de
ces deux ans que le vitrail demandait à l'instar de la
peinture et de la sculpture, non seulement une approche artistique
et technique pour la création mais aussi une connaissance
d'autant plus conséquente en matière de
lumière. Et le vitrail ne livrera son vrai rendu que lors de
sa mise en place finale. Cette connaissance de la lumière et
de la transparence est propre au maître verrier. Il en va
alors d'un sentiment de respect vis-à-vis de cette science
que certains maîtrisent de manière innée et
d'autres de manière acquise au fur et à mesure des
années de pratique.
La restauration dans un autre domaine mène à un
tout autre respect. Tout d'abord, celui de l'histoire. Alors que
nous ne sommes que de passage dans ce monde les vitraux que nous
entretenons sont autant de preuves, de témoignages et le
symbole d'un passé devant lequel nous devons nous montrer
humbles et respectueux. Nous devons passer du mieux possible ces
morceaux retraçant notre histoire et notre culture aux
générations futures. Car sans passé, il n'y as
pas d'avenir.
Le savoir-faire de nos ateliers de restauration reste tout
à fait surprenant. Utilisant les découvertes les plus
avancées en matière de restauration, notre
métier fait preuve d'une modernité sans pareil. La
technologie actuelle nous permet d'avoir une meilleure conservation
de ces traces du passé tout en laissant croire au passant
que celles-ci n'on pas vieillies depuis des siècles.
Au cours de ces trois ans, j'ai dû voir plus de la
moitié de nos confrères et il m'a été
offert d'en percevoir la diversité, la passion, la
modernité et l'engouement qui animent tous les ateliers de
France. Même si l'approche du métier est
différente d'un endroit à un autre, ce ressenti est
palpable dans chacun des lieux que j'ai pu visiter.
Si malgré tout quelques différents existent encore
et existeront toujours entre certains ateliers, il est de notre
devoir de conserver notre métier pour les
générations futures. Car la division n'est là
que pour profiter à d'autres personnes que les verriers. Il
n'y a qu'ensemble que nous pourrons asseoir notre métier
dans une France qui évolue au gré de problèmes
internes et externes.
Cependant, il est dommage que cet esprit ne se retrouve pas
partout. Certains d'entre nous falsifient notre savoir, bafouent
notre culture, salissent notre métier et abusent d'un savoir
qu'ils n'ont pas.
Avec le temps notre métier évolue, il y a de plus
en plus de petits ateliers unipersonnels et de moins en moins
d'atelier de grande envergure. Enormément de jeunes
retournent à des valeurs plus concrètes, plus
matérielles, plus manuelles. Il n'est plus étonnant,
de voir des bacheliers et même des universitaires retourner
sur les bancs de l'école pour passer un CAP. Il ne tient
qu'à nous de les aider à entrer dans nos ateliers,
notre monde, et à se développer. La concurrence fait
peur à ce niveau là, mais la richesse, la
qualité et l'authenticité de notre savoir-faire
doivent être relayées.
Jean Mône
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